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Impossibilité et force majeure: un éclairage du droit allemand sur le nouveau droit français des obligations

Données bibliographiques / Bibliografische DatenPrinter
Auteurs / Autoren:ANCEL, PASCAL
Source / Fundstelle:Lexis Nexis, 2018, pp. 25-40
Année / Jahr:2018
Localisation / Standort:Mélanges en l'honneur du Professeur Claude Witz
Catégorie / Kategorie:Droit des obligations, Droit privé
Dans tous les ouvrages français de droit des obligations, postérieurs ou non à la réforme du droit des obligations de 2016, on trouve la règle selon laquelle "à l'impossible nul n'est tenu" (impossibilium nulla obligatio est). Cependant, dans la dogmatique française, cette exigence de possibilité de l'obligation s'efface derrière les deux règles qui la traduisent: la nullité des contrats ayant, dès leur conclusion, un objet impossible et, au stade de l'exécution du contrat, l'exonération du débiteur en cas de force majeure. Le mot "impossibilité" fait rarement l'objet d'une rubrique spécifique, ou, si c'est le cas, cette rubrique ne fait que renvoyer à celle sur la force majeure, et c'est cette notion qui fait l'objet de développements approfondis dans le cadre de l'étude de la responsabilité contractuelle ou de la résolution du contrat, sous l'angle de la théorie des risques. Le contraste est frappant avec les ouvrages allemands, qui n'accordent à la force majeure (höhere Gewalt) qu'une place limitée alors qu'ils consacrent d'importants développements à la notion d'impossibilité d'exécuter. Cette différence reflète la différence des textes: le Code civil de 1804 contenait à l'origine dix mentions de la force majeure (à côté de l'article 1148 excluant les dommages et intérêts contractuels lorsque le débiteur a été empêché d'exécuter "par suite d'une force majeure ou d'un cas fortuit", on la trouve dans divers textes relatifs à des contrats particuliers, tandis que le Bürgerliches Gesetzbuch (BGB) ne contenait à l'origine aucune mention de la höhere Gewalt, la notion étant introduite en 1979, ce qui résultait de la transposition de la directive européenne sur les voyages à forfait. Le BGB faisait en revanche une place importante à la notion d'impossibilité d'exécution. La réforme française de 2016 maintient la notion de force majeure en matière contractuelle en lui donnant une définition dans le nouvel article 1218 du Code civil. La réforme fait également explicitement apparaître la notion d'impossibilité d'exécuter qui fait l'objet d'une section composée des articles 1351 et 1351-1 du titre consacré au régime général des obligations. Le droit allemand, en raison de la place centrale qu'il fait à la notion d'impossibilité, offre un éclairage précieux.

Le contrôle de proportionnalité exercé par la Cour constitutionnelle fédérale

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Auteurs / Autoren:UERPMANN-WITTZACK, ROBERT
Source / Fundstelle:https://www.revuegeneraledudroit.eu
Revue / Zeitschrift:Revue générale du droit (RGD)
Année / Jahr:2018
Localisation / Standort:Revue générale du droit
Catégorie / Kategorie:Droit constitutionnel
Résumé: Après la Deuxième guerre mondiale, la Cour constitutionnelle fédérale et la doctrine allemande ont mis une trentaine d'années à développer le contrôle de proportionnalité en tant que principe général du droit allemand. Le contrôle de proportionnalité a été standardisé, et depuis 1985, les trois stades du contrôle sont bien arrêtés: aptitude, nécessité et proportionnalité au sens strict. Le concept de proportionnalité est considéré comme une émanation de l'État de droit. Il est pourtant vrai que le contrôle de proportionnalité est toujours étroitement lié aux droits fondamentaux. Il trouve ses origines dans le droit de la police qui met en cause les libertés publiques. Cet exposé porte sur la délimitation du champ d'application du contrôle de proportionnalité et aborde ensuite la mise en oeuvre de ce contrôle afin de finir par l'application du contrôle de proportionnalité en droit civil. Pour consulter la contribution: https://www.revuegeneraledudroit.eu/blog/2018/11/15/le-controle-de-proportionnalite-exerce-par-la-cour-constitutionnelle-federale/  

Jurisprudence de la Cour administrative fédérale d’Allemagne: Le droit d’asile

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Auteurs / Autoren:BRAUER, DANIEL; BERLIT, UWE-DIETMAR
Source / Fundstelle:RFDA, n°3 2018, p. 561 - 570
Revue / Zeitschrift:Revue française de droit administratif
Année / Jahr:2018
Catégorie / Kategorie:Droit administratif, Droit comparé, Procédure administrative
Mots clef / Schlagworte:DROIT D'ASILE, REFUGIE
Résumé / commentaire des auteurs:

La limitation du pouvoir de la Cour administrative fédérale à la clarification des seules questions de droit, justifiée au regard du droit procédural administratif général, est contreproductive dans la procédure juridictionnelle d'asile. Des discussions sont donc en cours au niveau politique pour déterminer s'il convient, par une modification des textes, d'attribuer à la Cour administrative fédérale un pouvoir limité d'enquête et de décision afin qu'elle puisse également contribuer à la sécurité et l'harmonisation juridiques sur des questions factuelles d'importance fondamentale.

Décisions abordées:

- Cour administrative fédérale, décision du 21 novembre 2017 - 1 C 39.16 (obligation faite aux juridictions d'établir l'existence d'une protection internationale accordée dans un autre État membre de l'Union européenne)

- Cour administrative fédérale, décision du 27 juin 2017 - 1 C 26.16 (questions préjudicielles à la Cour de justice de l'Union européenne relatives aux migrations secondaires de bénéficiaires du statut de réfugié)

- Cour administrative fédérale, décision du 24 avril 2017 - 1 B 24.17 (irrecevabilité d'un pourvoi en cassation pour une question de fait d'importance fondamentale)

Le sens d’une constitution vu par l’Allemagne

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Auteurs / Autoren:AURORE GAILLET
Source / Fundstelle:https://www.conseil-constitutionnel.fr/publications/titre-vii/le-sens-d-une-constitution-vu-par-l-allemagne
Revue / Zeitschrift:Titre VII Les cahiers du Conseil constitutionnel, n°1
Année / Jahr:2018
Localisation / Standort:Titre VII Les cahiers du Conseil constitutionnel
Catégorie / Kategorie:Droit constitutionnel
Résumé de l'auteur: L'approche des célébrations respectives du soixantième anniversaire de la Constitution française et du soixante-dixième anniversaire de la Loi fondamentale allemande donne l'occasion de proposer une réflexion "vue d'Allemagne". Après avoir présenté la spécificité de la notion de constitution au regard de l'histoire constitutionnelle allemande (XIXe siècle et Weimar), l'article s'attache aux débats plus contemporains accompagnant l'évolution de la Loi fondamentale (de son difficile départ en 1949 à sa relation étroite avec la Cour constitutionnelle fédérale). Les perspectives conclusives rappellent enfin les vifs débats occasionnés en Allemagne par l'idée de constitution européenne.

République fédérale d’Allemagne: la jurisprudence constitutionnelle en 2017 (Les juridictions civiles et administratives)

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Auteurs / Autoren:FROMONT, MICHEL
Revue / Zeitschrift:Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger, n°4
Année / Jahr:2018
Localisation / Standort:Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger
Catégorie / Kategorie:Droit administratif, Droit civil, Droit constitutionnel, droit politique
  1. Les droits de la minorité dans les commissions d'enquête
La Cour de justice fédérale, juridiction suprême en matière civile et pénale, a eu à arbitrer en 2017 une querelle au sujet du fonctionnement de la commission d'enquête créée le 20 mars 2014 par le Bundestag pour enquêter sur les activités d'espionnage des services de renseignements des États dits des "Cinq Yeux": États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande. Conformément à l'article 44 de la Loi fondamentale, la commission avait été créée par demande des députés de l'opposition réunissant un quart des membres du Bundestag. La décision d'entendre Edward Snowden fut prise le 8 mai 2014, mais la commission se divisa sur l'opportunité de l'interroger en Allemagne ou en Russie. Deux propositions s'affrontèrent, celle de la majorité qui ne voulait pas l'interroger en Allemagne et celle de la minorité qui demandait que le gouvernement organise le voyage de Snowden de Moscou à Berlin. Le juge d'instruction de la Cour fut alors saisi d'un recours de la part de la minorité et le 11 novembre 2016, il donna raison à la minorité et, en conséquence, ordonna à la commission de faire procéder à l'audition de Snowden en Allemagne. La majorité contesta cette décision devant la Cour fédérale de justice et obtint gain de cause non pour des raisons de fond, mais pour des raisons de compétence. La Cour était en présence de deux textes contradictoires: l'article 44, alinéa 1 de la Loi fondamentale qui dispose: "Le Bundestag a le droit et, à la demande d'un quart de ses membres, l'obligation de constituer une commission d'enquête chargée de recueillir les preuves nécessaires en audience publique" et le §15, alinéa 2 de la loi sur les commissions d'enquête du Bundestag qui dispose: "Les preuves sont à recueillir lorsqu'elles sont demandées par un quart des membres de la commission d'enquête, à moins que la recherche des preuves soit irrecevable ou que les moyens de preuve soient inaccessibles même en employant les moyens de contrainte prévues dans cette loi". Le 23 février 2017, La Cour fédérale de justice a eu à se prononcer sur la constitutionnalité de l'application des dispositions de la loi sur les commissions d'enquête. La Cour a préféré combiner les deux règles en donnant à la loi sur les commissions d'enquête une interprétation "conforme à la constitution" qui exige que la demande soit faite par "un quart des membres du Bundestag". Cette décision est caractéristique des raisonnements des juristes allemands: ceux-ci n'hésitent pas à recourir à des argumentations complexes pour parvenir à un résultat qui n'est pas évident à la simple lecture des textes. Pour consulter cette décision: http://juris.bundesgerichtshof.de/cgi-bin/rechtsprechung/document.py?Gericht=bgh&Art=en&Datum=2017-2-23&client=%5B%273%27%2C+%273%27%5D&nr=77709&pos=3&anz=27 2. Le droit d'un mourant d'acquérir des doses mortelles de stupéfiants Le 2 mars 2017, la Cour administrative fédérale a cassé le jugement d'une cour administrative d'appel qui avait approuvé l'Office fédéral des médicaments et des produits médicaux pour avoir refusé à une malade incurable 15 g de Natrium-Pentobarbital afin de pouvoir se suicider seule. L'intéressée avait eu un très grave accident en 2002 et la partie de son corps en dessous de son cou était restée entièrement paralysée, victime de grandes souffrances physiques. À la fin de 2004, l'Office fédéral des médicaments et des produits médicaux a refusé de lui fournir la dose mortelle de poison qu'elle avait sollicité et en 2005, elle s'est résignée à aller en Suisse pour se suicider avec l'aide de l'association suisse Dignitas. Son mari avait ensuite formé une action déclaratoire auprès des juridictions administratives, mais le tribunal administratif, puis la cour administrative d'appel avaient jugé que le mari n'avait pas le droit d'agir en justice contre le refus de l'Office fédéral. La Cour constitutionnelle fédérale fut alors saisie, mais le recours individuel pour violation des droits fondamentaux ne fut même pas admis à une procédure d'examen. Le mari s'adressa à la Cour européenne des droits de l'homme. Le 17 décembre 2012, elle jugea que le mari était recevable à faire valoir l'atteinte qui avait été portée à son droit au respect de sa vie privée. Le mari saisit alors de nouveau le tribunal administratif et la cour administrative d'appel qui rejetèrent sa plainte en se fondant sur les modifications apportées par la loi sur les stupéfiants afin de rendre plus facile l'accès aux soins palliatifs. Le mari forma un pourvoi en cassation devant la Cour administrative fédérale et obtint satisfaction: les décisions des juridictions administratives du fond furent cassées par la Cour administrative fédérale et le refus de l'Office fédéral fut annulé. Pour consulter la décision: https://www.bverwg.de/020317U3C19.15.0